Si on demandait à des experts, quel est le rhum idéal pour réaliser des cocktails, certains diront que c’est le rhum de Costa Rica ou encore des Philippines. Mais un vrai connaisseur saura que c’est le rhum de Martinique. Ti Punch, Daïquiri, Cuba Libre, Pina Colada, Mojito… À vous de choisir. Le fait est qu’entre la Martinique et le rhum, il existe une histoire qui remonte à plusieurs siècles, période au cours de laquelle les techniques et le savoir-faire se sont peaufinés. Dans cet article, nous allons donc nous attarder un peu sur ce fameux rhum de Martinique.
Petite histoire du rhum de Martinique
Si en 1493, le bon vieux Christophe Colomb n’avait pas décidé d’apporter des plants de canne à sucre durant son voyage à la Martinique, l’histoire aurait peut-être été différente. Néanmoins, grâce à ces plants, la Martinique a été rapidement recouverte de vastes étendues de plantations. À l’époque, ces plantations de canne à sucre servaient principalement à la production de sucres et de mélasses.
En 1635, soit un peu moins de 150 ans après l’arrivée de Colomb, les colons français débarquent et s’emparent de l’île. Vers la fin de cette époque, le missionnaire, Révérend Père Labat s’établit en Martinique. Après avoir survécu à une grave maladie en buvant de la taffia, il décide de perfectionner la fabrication de ce breuvage en utilisant un alambic. C’est donc là qu’est né l’ancêtre du rhum de martinique .
Aujourd’hui encore, la distillerie Poisson qui se trouve en Guadeloupe, produit ses spiritueux sous le nom de « rhum du Père Labat ».
Les spécificités du rhum de « l’île des revenants »
Le rhum de Martinique est un rhum typiquement agricole. Pour rappel, on peut classer le rhum sous deux catégories, en fonction de la matière première utilisée. D’un côté, il y a le rhum agricole et de l’autre le rhum traditionnel.
Le rhum traditionnel
Le rhum traditionnel est fabriqué à partir de la mélasse, un fluide très sucré semblable à du miel, obtenu après le raffinage du sucre de canne. Au 17ème siècle, la plupart des productions de rhum étaient faites à base de cette mélasse. Durant cette période, le rhum traditionnel avait malheureusement toutes les caractéristiques d’un tord-boyaux : excessivement fort, rudimentaire et de mauvaise qualité.
Le rhum agricole
Le rhum agricole quant à lui, est directement fabriqué à partir de jus de canne à sucre. Celui concocté par le missionnaire Labat en Martinique était donc l’ancêtre du rhum agricole. Contrairement au rhum traditionnel de l’époque, celui-ci avait déjà une certaine touche de subtilité et de délicatesse qui en faisait une eau-de-vie de meilleure qualité.
Néanmoins, la production du rhum agricole n’a pris de l’envergure qu’à partir du 19ème siècle, lorsque la valeur de la canne à sucre a chuté. Aujourd’hui encore, le rhum de Martinique reste fidèle à ses racines et est donc concocté essentiellement à partir de jus de canne à sucre.
Rhum agricole de Martinique : un nom protégé par les autorités françaises
Pour pouvoir être qualifié de rhum agricole de Martinique, le produit doit obtenir la certification AOC (appellations d’origine contrôlées). De ce fait, il doit provenir de 23 communes martiniquaises situées dans l’arrondissement de Marin, de Fort-de-France et de la Trinité. L’objectif de ce contrôle est bien évidemment de protéger le nom « rhum agricole de Martinique » et de préserver les caractéristiques, l’identité et l’authenticité des rhums provenant de ces régions. En effet, le rhum de Martinique possède une saveur, un arôme et une texture propre qui font de ce spiritueux une référence dans son domaine.